[Francophones] Lettre Pastorale du Collège épiscopal de TEC
Bishop
bishop at tec-europe.org
Jeu 26 Mar 21:55:13 GMT 2009
Voici le texte que j'ai traduit avec l'aide du Père Pierre-Henry
Buisson:
Une Lettre pastorale des Évêques de l’Église Épiscopale réunis à
Hendersonville, Caroline du Nord, du 13–18 mars 2009, à l’Église et
nos partenaires en mission à travers le monde :
J’ai appris à me suffire en toute occasion. Je sais me priver comme je
sais être à l'aise. En tout temps et de toutes manières, je me suis
initié à la satiété comme à la faim, à l'abondance comme au dénuement.
Je peux faire tout en Celui qui me rend fort.
--Philippiens 4:11b - 13
Alors que le Collège Episcopal se réunit au centre de conférence
Kanuga pour la retraite annuelle printanière, nous avons conscience de
la crise financière autour de nous qui empire. Nous reconnaissons
qu’il n’existe pas de solutions faciles aux problèmes qui nous
confrontent. Aux États-Unis la richesse totale est diminuée de 30%,
les valeurs immobilières de 26%, et il y a un déficit budgétaire sans
précédent. Le chômage vacille autour de 8% et l’on prédît qu’il
montrera jusqu’à 10% à la fin de l’année. Plus de 8 millions de foyers
américains sont menacés de saisie. La confiance du consommateur est au
point le plus bas depuis cinquante ans.
La rapacité et l’irresponsabilité sans précédent, les pratiques
prédatoires de prêt, et un consumérisme croissant ont amplifié
l’injustice économique domestique et mondiale. L’impact mondial est
difficile à calculer, sauf que les pauvres vont s’appauvrir, et notre
engagement d’accomplir les Objectifs millénaires de développement en
2015 est menacé.
La crise est à la fois économique et environnementale. La sècheresse
qui sévit au Texas, dans certaines parties du sud de l’Amérique, en
Californie, en Afrique et en Australie, la force dévastatrice des
ouragans qui se sont abattus sur les îles caribéennes, l’Amérique
centrale, et la côte du Golfe, la tempête de glace dans le Kentucky—
ces désastres et d’autres intempéries naturelles dus au changement
climatique—ont provoqué une hausse massive du chômage, des coûts de la
production agricole, et ont fait empirer la disette mondiale. Les
guerres pour les ressources naturelles qui diminuent tuent et
affaiblissent non seulement les combattants, mais aussi des civils, ce
qui entraine un affaiblissement des familles et la destruction du
pays, En tant que peuple nous n’avons pas compris cette relation,
minimisant les problèmes en les diminuant, et nous continuons de vivre
sans nous occuper de la création de Dieu et de la gestion de
ressources de la Terre qui font entrer dans un monde plus juste et
paisible.
Dans cette saison de Carême, Dieu nous appelle au repentir. En tant
qu’Église, nous avons été trop souvent préoccupés par des questions
internes et une orientation trop étroite qui ont absorbé à la fois
notre énergie, nos intérêts et ceux de notre Communion anglicane, au
lieu de nous soucier de la crise de souffrance dans notre pays et à
l’étranger. Nous avons souvent manqué d’encourager fortement un
engagement à la justice économique. Nous avons souvent manqué de dire
la vérité au pouvoir, de pointer du doigt l’avarice et le consumérisme
qui se répandent dans notre culture, et nous avons trop souvent permis
à cette culture de nous définir au lieu d’être formés par les valeurs
de l’Évangile.
Alors que notre engagement à l’éradication de la pauvreté extrême par
les Objectifs millénaire de développement nous impulse vers la norme
de l’enseignement du Christ, nous avons néanmoins souvent raté la
transformation à laquelle le Christ nous appelle dans nos vies afin de
vivre plus pleinement le paradigme de l’abondance de Dieu pour tous.
Tous se trouvent touchés par la diminution de l’économie mondiale.
Pour certains, c’est une époque de grandes pertes—la perte de
l’emploi, de domicile, d’une façon de vivre. Et pour les plus
vulnérables, cette “baisse” représente une urgence de taille
catastrophique. Comme le Fils prodigue qui revient à lui-même et
retourne chez lui, nous autres, le peuple de Dieu, recherchons une vie
nouvelle. Nous reconnaissons dans cette crise une invitation à une
simplicité plus profonde, à nous serrer la ceinture, à un jeûne de
Carême amplifié, et à une générosité plus grande. La miséricorde et
le pardon abondants de Dieu nous rejoignent et nous étreignent,
patientant afin de nous donner, par le Saint-Esprit, le pouvoir de
faire face aux jours qui viennent.
Dans cette époque d’anxiété et de peur le Saint-Esprit nous invite à
l’espérance. Lorsque l’anxiété est nommée dans une communauté, elle
peut être comprise, bénie, et transformée en énergie et en espérance ;
mais si elles sont refoulées, avalées ou cachées, la peur et l’anxiété
peuvent corrompre et mener au désespoir. Nous autres chrétiens
proclamons que la joie et l’espérance émergent pour ceux qui ont le
courage d’endurer la souffrance. Dans son épitre aux Romains, St. Paul
va jusqu’à se vanter de sa souffrance, car “l'affliction produit la
persévérance, la persévérance la victoire dans l'épreuve, et cette
victoire l'espérance. Or, l'espérance ne trompe point, parce que
l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui
nous a été donné.” La crise actuelle nous présente des opportunités
d’apprendre de nos frères et sœurs d’autres parties du monde qui
depuis longtemps ont gardé l’espérance au milieu de calamites
économiques encore plus sérieuses.
Nous pouvons aussi apprendre de nos ancêtres spirituels, qui se sont
retrouvés dans une crise économique et existentielle qui dura quarante
ans : leur traversée de l’Égypte à l’Israël. Alors qu’ils gémissaient
en Égypte, ils murmuraient au Sinaï—du moins au début. Et puis, après
leurs gémissements, râlements, et retour à l’adoration des idoles, ils
ont reçu la grâce d’apprendre et comprendre ce que le Seigneur voulait
leur enseigner.
Ils ont appris qu’ils avaient besoin du désert afin de reprendre leur
courage et faire entière confiance à Dieu—et de redécouvrir leur
caractère exceptionnel que Dieu leur avait donné, qui avait été écorné
pendant leur captivité en Égypte. Ils ont adopté centaines règles
basiques qui les ont rendu capables de vivre dans une communauté
d’hommes libres et non pas comme captifs ou esclaves—les Dix
Commandements que Dieu leur a confiés. Et plus important, semble t-il,
nos ancêtres spirituels ont découvert que le désert est un lieu
d’abondance divine et de miracle, où l’eau ressort de la roche et la
manne est apparue sur le sol : nourriture et boisson divines fournies
miraculeusement par Dieu.
En traversant notre propre désert, ces ancêtres spirituels nous
aiguillonnent vers une voie qui mène à une espérance profonde qui
perdure. Nous pouvons aussi redécouvrir le caractère exceptionnel que
Dieu nous a donné, qui s’ensuit de la conviction que notre richesse se
mesure par ce que nous donnons plutôt que par ce que nous possédons.
Nous pouvons redécouvrir la manne, l’expression de l’extraordinaire
abondance divine. Chaque semaine, dans des congrégations et
communautés autour du monde, notre manne à nous est placée devant nous
dans l’Eucharistie. Des dons ordinaires de pain et de vin sont placés
sur l’autel, et deviennent pour nous le Corps et le Sang du Christ,
qui, lorsque nous les recevons, nous attirent toujours plus
profondément dans le mystère pascal de la mort et résurrection du
Christ.
Comme notre Seigneur ressusscité a percé l’isolement des disciples
terrifiés blottis les uns contre les autres après sa passion et sa
mort, nous aussi, le Corps du Christ, sommes invités à percer
l’isolement et l’anxiété de cette époque, attirant les gens de leur
peur et solitude vers l’étreinte réconfortante de la communauté
d’espérance rassemblée. En tant que disciples du Christ nous avons
reçu des dons afin de démontrer la gracieuse générosité de Dieu et
trouver la bénédiction et l’abondance en ce qui est dur et difficile.
En notre temps le Saint-Esprit se meut parmi nous, pour partager avec
nous la vision de ce qui est réel et de valeur dans le monde de Dieu.
Dans un tel moment, le Christ nous attire dans les profondeurs de
notre foi, nous montre que la générosité casse le mépris, la paralysie
et la mésentente. Comme notre Seigneur ressusscité, nous, ses
disciples, sommes appelés à écouter la douleur du monde et à offrir le
réconfort et la paix.
Alors que nous continuons ensemble notre passage de Carême, nous
mettons nos cœurs dans la puissance de la Sainte Trinité. Le Dieu qui
nous a crées, crée encore et ne nous abandonnera pas. Le Verbe
incarné, notre Sauveur Jésus Christ qui, dans sa souffrance, sa mort
et sa résurrection pour nous, est en solidarité avec nous, et nous a
promis de rester avec nous jusqu'à la fin des siècles. Dieu le Saint-
Esprit, le véritable souffle de Dieu pour nous et en nous, est notre
consolateur, compagnon, inspiration et guide. Telles sont notre
espérance, notre joie, et notre paix.
(Mgr) Pierre Whalon
Président, Réseau francophone
23, avenue George V
75008 Paris France
+33 1 53 23 84 06 (tel)
+33 1 49 52 96 85 (fax)
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